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Références

Jacques Villeglé

Alphabet de la guerilla, 1983. (alphabet socio-politique)

« Le A s’encercle anarchiquement,
le C croissant étoilé s’affronte au
D qui s’arrondit et se barre horizontalement, la croix dans le cercle du celtisme
"bague circonférencielle du monde" (Saint-Pol Roux), le E devient les trois flèches barreuses de Tchakhotine,
pour contre-attaquer
le F la svastika, tourbillon créationnel funestement détourné par les nazis,
comme le N et le Z,
le G, une faucille étoilée brochée d’un marteau, et dans
le H s’inscrit :

le I et
le S,
le I se strie,
le J reste vierge,
le K,
le P,
le R deviennent le chrisme de la propagation de la foi,
le S redoublé, éclairs, runes, appropriation de la sinistre SS
le L, unité de valeur anglaise,
le T, le tau christophore, le Golgotha
aux Etats-Unis et au Japon, les financiers strient
le S et
le Y, comme pour
le E de l’Euro,
le X, « tibias croisés au-dessous du mot POISON,
            sur les fioles lourdes d’esprits, d’alcools,… »
                                                          André Salmon
            peut également se gammer.
le A s’inscrira dans le M, AVE MARIA,
le O se flèche, se noircit pour devenir bombe fumante, s’y inscriront
les runes au service de l’anti-nucléaire, Peace and Love.
le V, c’est la victoire… »

http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-villegle/ENS-villegle.html

 

Mark Brusse,

Double relief in 18 colors, New York, 1966-1967

 

Réalisation collective : 18 artistes inscrivent chacun sur une plaque de bois le nom de leur couleur préférée à côté de leur signature.

Bruce Nauman

Run from Fear, Fun from Rear, 1972

et

Suite Subsitute, 1968

Antoine de Saint Exupery

Le petit Prince.

 

(...)

- Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...

- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

- Ah! pardon, fit le petit prince.

Mais, après réflexion, il ajouta:

- Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?

- Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu ?

- Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?

- Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?

- Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?

- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "créer des liens..."

- Créer des liens ?

- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...

(...)

- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince:

- S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.

- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.

- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

(...)

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